La naine c'est moi! (source la nouvelle république) |
Au mois de Juillet ça fera 11 ans que je suis sapeur pompier. Je le suis devenue par curiosité et non par vocation, mon frère était JSP (jeune sapeur pompier) et mon petit copain de l’époque était volontaire, entre eux ils en parlaient souvent, et j’en avais marre de ne rien comprendre, j’ai passé les tests, je les ai réussis, et je me suis lancée dans l’aventure… Toutes mes vacances scolaires, et mes week-end je les passais à la caserne. Ensuite je suis rentrée dans la vie active tous mes jours de repos je prenais des gardes (les gardes c’est 12h ou 24h à la caserne, contrairement aux astreintes où là je vais où je veux, mais j’ai un bip, en revanche il faut que je sois à la caserne dans un délai de 7 minutes.)
Après j’ai diminué le rythme car conjuguer mon emploi, ma vie de famille, puis la caserne ça devenait difficile, et puis il faut se fixer des priorités. Donc maintenant je suis d’astreintes une semaine par mois avec une manœuvre le dimanche matin (pour les recyclages).
J’en ai bavé, je mesure 1m60, à l’époque je faisais 48kg, il a fallu que je fasse mes preuves auprès des mecs, pour leur montrer que je tenais la route. Mes premiers Feux, je faisais plein de boulettes, car je savais que les mecs me jugeaient, après j’ai relativisé en me disant que si je me mettais trop la pression j’allais vers l’échec. Ensuite j’ai gagné en crédibilité, je n’ai pas joué les chochottes, je suis rentrée dans leurs jeux, et voilà au bout de 10 ans maintenant je fais partie des meubles. ^_^
En fille, nous ne sommes plus que 2, j’en ai vu venir et
partir… Dans le vestiaire aussi je suis plus vieille que mon placard !!!
Sur le métier en lui-même, j’ai vu la misère, on rentre dans
l’intimité des gens, on voit ce qu’ils cachent, un sourire en façade quand on
les croise dans la rue, mais lorsque nous sommes appelés, on voit ce qui se
cache derrière… Au début ce n’était pas
facile, revenir d’intervention et faire la dur, genre « Non ça ne m’a rien
fait, tout va bien ! » Et finalement s’isoler pour pleurer… Le
premier mort que j’ai fais en intervention c’était dans un accident de la
route, il avait 19 ans… Je crois que j’ai
mis 2 semaines pour m’en remettre.
Après il y a l’alcool, ceux qui tapent leur femme devant les
enfants, les tentatives de suicides, et comme il faut toujours parler à la
victime, écouter leurs maux, un mec bourré qui essaye de vous ploter pendant
que vous lui prenez sa tension, (heureusement j’ai des collègues costaux).
Les Feux aussi ce n’est pas facile physiquement (mais ce n’est
rien) et moralement… C’est tout ce qu’il
emporte avec lui, des emplois, des années d’une vie, des vies…Après il y a les opérations diverses, nid de guêpes, inondation, un serpent dans l’hôpital, une crise d’épilepsie pour un chat…
Il n’y a pas que la misère, en intervention, on rigole aussi,
bataille d’eau avec les lances, les accouchements, comme la maternité la plus
proche se situe dans un rayon de 30 km, les casses croûtes pendant les feux…
Mais la question que je me pose aujourd’hui c’est : Est-ce
que j’ai envi de continuer ? Parfois je veux tout arrêter, et parfois je
ne me vois pas ne plus être pompier…
Quand je vois mon fils qui adore aller à la caserne, qui est
fière de sa maman et de son papa (papa est pompier pro, papi est retraité
pompier, et tonton est pompier de paris,) quand il me voit en uniforme c’est « Maman
a papou (pimpom), maman a papou !! »
Au mois de novembre je suis passée caporal chef, et j’ai
reçu un diplôme pour mes 10 ans de volontariat. Lorsqu’on me l’a donné, le
président du conseil Général m’a murmuré que j’avais dépassé la moyenne
nationale, en années de volontariat et il m’a encouragé à continuer…
Après ce n’est qu’une semaine par mois…
Donc pour l’instant, je continue… Tant que je n’ai pas pris
ma décision !